samedi 31 octobre 2015

Celui où elle raconte son burn-out maternel

Comme je l'ai mis dans l'article précédent, sur Petit-Koala BABI, j'ai vécu une période assez difficile après sa naissance.

J'étais fatiguée.



Fatiguée d'être seule dans cette Alsace qui ne me plaisait pas du tout. 
Fatiguée de vivre avec un mari fantôme car il était hors de la maison encore plus qu'à Paris (départ 7h, retour après 19h travail+transports en commun).
Fatiguée de ne pas voir nos amis, de ne pas être entourée amicalement.
Fatiguée de m'occuper de mes 2 filles non-stop.
Fatiguée des nuits pourries.
Fatiguée et anémiée.
Fatiguée d'entendre des conneries sur la façon dont on éduquait (éduquent toujours) nos filles, dans la non-violence.
Fatiguée d'être critiquée par rapport au portage, à l'allaitement.
Fatiguée de gérer toute la famille seule.
Fatiguée de vouloir être une wondermaman, de me mettre une pression de folie.
Fatiguée de m'engueuler avec mon mari à propos de cette petite fille différente.


source itsamumlife.fr

En mai 2007, je suis allée aux Journées Des Doulas avec PetitKoala qui avait 5 mois.
J'ai vécu 2 jours hors du temps, 2 jours dans la bienveillance, 2 jours qui m'ont bien remuée émotionnellement, mais qui m'ont fait découvrir plein de choses.
J'avais assisté à une plénière sur le burn-out maternel de Violaine Guéritault qui a écrit un livre sur ce sujet. Ca me parlait beaucoup ce qu'elle disait, j'avais l'impression qu'elle parlait de moi. J'ai acheté ce livre, je l'ai lu. Mais à l'époque, je n'y ai pas trouvé de réponses à mes questions.



Et puis, il y a quelques mois, une copine me pose des questions sur ma vie avec une BABI.
Je lui raconte quelques trucs mais c'est difficile. Incroyable, c'est une période de ma vie qui a été la plus dure émotionnellement et physiquement, et je ne peux pas raconter ma vie quotidienne.

Je me suis dit que ce n'était pas normal ce black-out total. Et à force de lire, d'en parler je me suis pris en pleine tête ce qu'à l'époque je ne connaissais qu'à peine : le burn-out maternel.

Je suis donc passée par cette fatigue intense post-partum pendant au moins 3 ans.

3 ANS ??!!



Mais comment je m'en suis sortie ?
Comment je vivais ?
Comment ne pas m'en être rendue compte à cette époque-là ?

Et bien, à dire vrai je n'en sais fichtre rien.
Je me souviens que je me plaignais des journées longues avec PetitKoala, des nuits trop courtes, de ma solitude extrême. C'est même pour ça qu'après 3 hivers en Alsace, j'ai dit à PapaKoala que je ne voulais pas d'un autre hiver rigoureux (de la neige pendant 4 mois, avec des températures allant jusqu'à -20°C).
Pendant 1 an, un week-end par mois, je faisais un aller-retour à Paris dans le cadre de ma formation de Doula. Je partais le vendredi après-midi en TGV, revenais le dimanche soir. Je partais avec un petit sac de voyage, un soutien-gorge de femme de non-allaitement, un sac à mains normal avec un livre, je me sentais en vacances, je pouvais aller aux WC tranquillement (enfin sans avoir un BABI au sein ou sur le dos le bonheur). Je dormais pendant au moins 7h de suite, sans tétée, sans réveil.

Pendant cette formation, nous avons abordé beaucoup de thèmes en rapport à la grossesse, j'ai beaucoup appris sur moi bébé, adolescente, adulte en tant que femme.

Je pense que cela m'a énormément aidé à remonter la pente d'avoir pu parler de ce que j'avais vécu, ce que je vivais, d'apprendre des techniques d'écoute active, d'être entourée de bienveillance pendant 48h.
Le retour à la réalité était toujours difficile, mais elle me permettait d'être une maman regonflée à bloc, d'être un peu plus patiente.
Et puis, dernièrement, j'ai repris le livre de Violaine Guéritault "la fatigue émotionnelle et physique de la mère : burn-out maternel". Je voulais absolument le relire pour voir s'il y avait des choses qui pourraient m'aider pour mon métier de Doula.
Et là, le choc ! Moi qui, lors de la première lecture, n'avais rien trouvé comme astuces, comme aide potentielle, là j'ai vu, trouvé plein de choses. Et surtout, j'ai compris l'escalade qui amène une mère au burn-out maternel.

Il y a 3 stades dans le burn-out.
1/ Epuisement physique et émotionnel.
Je n'avais pas de nuits réparatrices car PetitKoala demandait à téter 15.000 fois au moins 5 fois par nuit. J'avais une anémie sévère (mon taux de fer à l'époque est descendu jusqu'à 3u/mL - je ne sais plus l'unité), mon médecin m'a regardée en se demandant comment je pouvais tenir debout avec un tel taux !!!
Je voulais être tellement wonderwoman que je faisais beaucoup de choses, trop de choses, je m'épuisais, sans avoir des retours bienveillants, positifs de mon entourage.

2/Distanciation/détachement.
Je me suis mise en stand-by par rapport à PetitKoala un week-end par mois, comme je le disais plus haut. Et puis, avec PapaKoala on a pris la décision de la sevrer la nuit quand elle a eu 2 ans. Ces week-ends m'ont fait du bien. Je la laissais faire trop de choses, selon PapaKoala, alors que j'aurais du être plus ferme, plus stricte.

3/Reniement des accomplissements passés, présents et futurs/déclin de productivité et d'efficacité.
Je ne me faisais plus confiance quant à mes projets, quant à mes capacités de maman, je me suis beaucoup remise en question. Le manque de confiance en moi ne m'a pas aidé pendant cette période...

Une fois passé ce 3è stade, les symptômes du burn-out apparaissent.
a/Symptômes physiologique du B-O.
Épuisement physique, trouble du sommeil, douleurs diffuses, syndrome de fatigue chronique.
=>Evidemment, je ne me souviens pas de tout ça. Je sais juste que j'étais tout le temps très fatiguée, et très anémiée.

b/Symptômes cognitifs du B-O.
Dysphorie (état de malaise), tendance à accuser les autres ou le système pour ses propres problèmes, isolement et détachement émotionnel, hypersensibilité, sentiment d'impuissance, pessimisme, ennui, état dépressif, indécision, troubles de la concentration, inflexibilité, intolérance, cynisme, mauvaise image de soi, sentiment de ne pas être en contrôle de sa propre vie.
=>Je me sentais très seule dans notre bled, j'avais laissé mes amies parisiennes, je ne voyais personne, je me sentais abandonnée y compris par PapaKoala qui ne comprenait pas ce que je vivais, je broyais souvent du noir, j'avais du mal à me concentrer à faire certaines choses, je sais que je m'ennuyais énormément ...

c/Symptômes comportementaux du B-O.
Réduction de la productivité, irritabilité, frustration, propension à la colère, impulsivité, repli sur soi, consommation accrue de substances toxiques telles que la drogue ou l'alcool.
=>Je ne bois pas, je ne me drogue pas par contre, je sais que j'ai pris beaucoup de poids à un moment donné...Je cuisinais beaucoup, beaucoup de gâteaux, je suis devenue végétarienne et j'avais du mal à réguler mon appétit. Je partais dans des colères monstrueuses, je gardais la violence en moi je ne voulais absolument pas qu'elle sorte envers les enfants, je me contrôlais énormément. Plus j'étais dans le spleen, plus je mangeais et plus je grossissais.

Après les 3 ans en Alsace, je me suis retrouvée maman solo, car les koalas et moi avions déménagé en Touraine (près de mes parents), pendant que PapaKoala travaillait toujours en Alsace. Il revenait un weekend par mois voire 1 weekend sur 3. Là encore j'étais seule à la maison, même si ma famille était proche.
J'avais une organisation assez correcte, avec des choses que les koalas devaient faire elles, car elles étaient grandes et autonomes. Je pense que cette période-là m'a aussi bien aidée à remonter qu'à me secouer émotionnellement.

Je ne sais pas vraiment ce qui m'a aidée à sortir du burn-out maternel, ni depuis quand je vais mieux, ce que je sais c'est que à la naissance de MiniKoala je m'attendais presque à replonger et puis je peux affirmer que non, je ne vis pas un burn-out de nouveau. J'avais des bagages (des lectures, une doula, une amie, mes koalas qui m'ont aidée, PapaKoala qui est présent tout en étant pas mal parti), je ne suis pas seule car je suis assez entourée d'amies, je travaille au sein d'une association régulièrement, j'ai eu un accouchement merveilleux et je pense que ça aide énormément. Et puis, ce MiniKoala est un petit bonhomme complètement différend de ses soeurs de par son arrivée parmi nous, de par son caractère, de son comportement.